1. |
Écoute
01:48
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Écoute bien, écoute mieux
Et que les tiens ouvrent mes yeux
Et au besoin ferme les yeux
Quel âge as-tu ? Qu’as-tu construit ?
As-tu connu l’amour d’autrui ?
Qu’est-ce que tu veux et t’imagines ?
Es-tu fier de tes origines ?
Où es-tu né ? À quelle adresse ?
Sais-tu donner de la tendresse ?
Quel est ton nom ? Et ton milieu ?
As-tu le don de croire en Dieu ?
Qu’est-ce que tu fais ? Qu’est-ce qui t’animes ?
Est-ce un regret d’être anonyme ?
Qu’est-ce que tu fous ? Qu’est-ce que t’endures ?
As-tu le goût de l’aventure ?
Sais-tu à quoi tu te raccroches ?
As-tu déjà perdu un proche ?
Fais tu le bien ? As-tu des doutes ?
Sais-tu combien la vie est courte ?
Qu’est-ce qui te prends et te soulève ?
Fais-tu souvent le même rêve ?
Es-tu en ligne ? Sur quoi tu cliques ?
Quel est ton signe astrologique ?
Es-tu le calme ou la fureur ?
As-tu la palme des erreurs ?
Qu’est-ce que tu caches et qui te ronge ?
Te sens-tu lâche dans le mensonge ?
Es-tu la flemme ou la folie ?
Dis-tu « je t’aime » à tes amis ?
Est-ce être utile qui te révèle ?
Quel temps fait-il dans ta cervelle ?
Pense à demain là aujourd’hui
Tu es l’humain pas le produit
Pense à demain là aujourd’hui
Tu es l'humain pas le produit
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2. |
Coup d'éclat
02:41
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De coups durs en coups d’éclats
Mes coups d’épée dans l’eau
Ton coup de poignard dans le dos
Coups de sang, coups de colère
Ton coup monté salaud !
Coup de théâtre et rideaux
Et après coup
On se souvient
Bien moins du mal que du bien
On tient le coup
On en revient
Ça laisse des traces, ça tresse des liens
Et à coup sûr
On se rassure
Des coups de foudre perdurent
Sous les coups
De la couverture
Ça s’évapore, ça s’en va pur
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3. |
Tout un chômage
02:51
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La vie j’en fais tout un chômage
À plein temps je suis chercheur d’heures
Si mon C.V. tient sur une page
C’est que mes loisirs sont ailleurs
Et je m’invente les raisons
De voir le jour avant midi
Et j’imagine un horizon
Dans les barreaux de mon caddie
J’collectionne les bons d’réduction
Je paye en colonnes de centimes
J’gueule devant ma télévision
Vous les bourgeois ! Nous les victimes
Je passe des entretiens d’embauche
Où la cravate est nécessaire
Moi qui ai toujours été d’gauche
C’est une pendaison à l’envers
Refrain
Un bac E.S, c’est déjà ça
Je sais résoudre une équation
Mais l’inconnu là y’en a pas
Élémentaire mon cher patron
Petit bilan de compétences :
J’aide l’aveugle à traverser
J’ai de l’humour, de la patience
Peut-être encore surqualifié
Refrain
Pas d’orgueil avec l’orthographe
Pas d’poésie dans mes lectures
Je n’lis que les romans d’la CAF
Les pavés de la préfecture
Parfois la presse quotidienne
Avec mes doses de nicotine
Et le prix de ce qu’elles contiennent
C’est mon impôt sur la routine
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4. |
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Les gens qui n'sont rien
Voire peut-être moins
Ne f’ront jamais mieux
Que toi le winner
Seigneur startuper
Bon dieu
Le yacht et le jet
Putain c'que t'en jettes
Sérieux
Les gens qui n'sont rien
Voire peut-être moins
Se jettent à la mer
On est dans la merde
J’ai plus rien à perdre
Gamin
Pas propriaitaire
J’ai mal à la terre
Putain
Les gens qui n'sont rien
Voire peut-être moins
Te crachent à la gueule
J'aurais pas d'indems’
Si j’dépose ma dém’
Demain
Et pas d'amuses-gueules
Au siège de Google
Certain
Les gens qui n'sont rien
Voire peut-être moins
Se tuent à la crasse
Viens dans les égouts
Voir tonton Rikou
Au moins
Les métiers qui cassent
Il en sait des masses
Toi rien
Les gens qui n’sont rien
Voire peut-être moins
Se lèvent aux aurores
Balayer les rues
Démonter des grues
Encore
Ou changer des draps
Pour un livret a
D’accord
Les gens qui n'sont rien
Voire peut-être moins
Veulent pas du gâteau
J’fais une allergie
À tout c'qui est vie
D'chateau
J’ai qu’un faux confort
Et un vieux passeport
Crado
Les gens qui n'sont rien
Voire peut-être moins
Refusent la légion
Les sciences et les arts
C’est pas des dollars
Pauv’ con
Non j’fais pas d’nuances
Si on m’parle finance
Pardon
Les gens qui n’sont rien
Voire peut-être moins
N’ont pas la lubie
D’être millionnaire
Puissant actionnaire
Dandy
Demande à richard
Qui bosse à clochard
City
Les gens qui n'sont rien
Voire peut-être moins
N’écrivent pas l’histoire
Y’a l’bon citoyen
Et le citoi-rien
Point barre
Les marches du pouvoir
C’est comme l’abattoir
Ça craint
Les gens qui n'sont rien
Voire peut-être moins
Ont un sang impur
J’suis comme mal à l’aise
Quand la marseillaise
Sature
J’préfère les timbales
De la lutte finale
Bien sûr
Les gens qui n'sont rien
Voire peut-être moins
Se trouvent dans les gares
Là sous ton index
Loin de ton duplex
Peinard
On prend les transports
Sardines, moutons, porcs
Cauch’mar
Les gens qui n'sont rien
Voire peut-être moins
Ne f’ront jamais mieux
Que toi le winner
Seigneur startuper
Bon dieu
Le yacht et le jet
Putain c'que t'en jettes
Sérieux
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5. |
Mélangé
05:11
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6. |
Rouler sur l'art
02:13
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Je veux rouler sur l’art
Pour tout l’art du monde
Pour tout l’art du monde
Je veux rouler sur l’art
Dès lors que l’on dit l’art
Ça vaut déjà de l’art
Quand tu vis l’art alors
C’est déjà du grand or
Tant de coeurs indolores
Attendent des dollars
Des passionnés de l’or
Qui se mettent à dos l’art
Y’a tant de mines d’or
À la tête de l’art
Baisant les pieds de l’or
Tant de têtes de lard
Des tas de livres d’or
S’adonnent à dire de l’art
Qu’il touche tôt ou tard
Le coeur de l’eau qui dort
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7. |
Ma monogame
02:48
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J’t’ai dans la peau
Ma jolie môme
J’t’ai dans les os
Dans les atomes
J’t’ai dans les reins
Mon acrobate
Même dans les mains
J’t’ai dans mes pattes
Les autres femmes
Ont la peau fade
Un cœur trop mou
Les autres dames
Ont bien du charme
Mais rien de fou
Les autres filles
Démaquillent
Des yeux si froids
Quand ta nature
À l’imposture
Les renvoie
J’t’ai dans la peau
Et j’suis mordu
C’est comme un écho
Suspendu
J’t’ai dans ma vie
Et dans mon champ
Dans le tranchant
De mon envie
J’t’ai dans la peau
J’suis dans les vapes
Je me sens beau
Comme en noeud pap’
J’t’ai dans les doigts
Ma monogamme
J’t’ai dans la voix
Myriam
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8. |
Elle se lève la nuit
02:56
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Elle se lève la nuit
File sans faire un bruit
Dans la sombre cuisine
Il semble qu’elle commande
L’opération gourmande :
« Collation clandestine »
L’insomnie se guérit
Avec des sucreries
Chez la femme normale
Son docteur est formel
Nougats et caramels
Ne lui font aucun mal
À partir du moment
Où c’est fait discrètement
À trois heures en cachette
Il n’y’a aucun problème
Pour les choux à la crème
Et les fraises en barquette
Toute la journée elle a
Fait mine de ne pas
Avoir une faim de loup
En disant : « non merci
Une part me suffit
Et c’est déjà beaucoup. »
Mais résultat elle craque
Et entêtée s’embarque
Dans une mission secrète
En négligeant ses cuisses
Face aux doux Maron’suisses
Aux divines Danettes
Elle oublie ses rondeurs
Dans la froide saveur
D’un bon pot d’Häagen-Dazs
C’est quand même légitime
Après tous ces régimes
Toujours inefficaces
Tant pis les calories
Bonjour les cochonneries
Plus rien ne la retient
La bouche pleine, elle rigole
De son cholestérol
De son esthéticien
Le yaourt nature
Avec la confiture
D’abricot, de myrtilles
Fait fermer ses paupières
Vibrer sa langue entière
Orgasmer ses papilles
Du sucré au salé
Elle peut tout avaler
Chips et noix de cajou
Cacahuètes, pistaches
Enfin bref tout c’qui s’mâche
Pour remplir ses deux joues
Même un saucisson sec
Elle pourrait faire avec
C’est un ogre, un glouton
Jusqu’à même entamer
Tel un loup affamé
Un succulent mouton
Elle ne manque pas d’air
Vidant le frigidaire
Le réfrigérateur
Les paquets de p’tits LU
Il n’y en aura plus
Pour les gosses au 4h
Pas le temps de dire « ouf !»
Son estomac s’étouffe
Mignardises et cookies
Aussi deux ou trois tonnes
De galettes bretonnes
C’est divin, c’est exquis
Après toutes ces folies
Elle revient dans le lit
Se glissant sous la couette
Je lui demande alors
Où étais-tu encore ?
Elle répond : « aux toilettes ! »
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9. |
L'histoire d'une lettre
01:44
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C’est l’histoire d’une lettre
Qui n’est jamais arrivée
Puisque l’auteur devait être
L’œil sur la feuille rivé
Et incapable de mettre
Au monde les mots portés
Effrayé de les voir naître
L’écrivain fut avorté
C’est l’histoire d’une lettre
Qui ne fut pas rédigée
De peur que l’encre peut-être
Dans l’histoire soit figée
Des phrases auraient dû paraître
Sur la page se coucher
Mais sa plume se fit maître
Et refusa d’accoucher
Puisque tout doit disparaître
Avec le temps tout vider
Le poète peut soumettre
Du suicide à ses idées
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10. |
Des plans sur la comètes
02:40
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|||
Des plans sur la comète
Qui délirent et promettent
Du flanc et VLAN !
Du vent sur brin d’allumette
Au balcon du huitième, elle rêve
Qu’un affranchi l’enlève
Cavaler sur la grève
Lui au fond du café, il cause
Si son cheval s’impose
Au champagne, il arrose
Refrain
Dans son train de banlieue, elle pense
Pendre des cours de danse
Encore une contredanse
Lui dans la salle d’attente, il vogue
Un voyage en pirogue
Évasion catalogue
Refrain
Le nez sur son écran, elle songe
À jeter les éponges
Et rejoindre le Gange
Sur son chantier terreux, il pleut
Lui pourrait faire bien mieux
Qu’un certain Michel-Ange
Refrain
Ne pars pas mon amour, attends !
On aura sept enfants
Un jardin et du temps
Et des plans sur la comète
Qui fleurissent et nous mettent
Un cran devant
Et PAN ! Sourire aux pommettes
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11. |
Peau blanche
02:37
|
|||
Mon amour a la peau blanche
Et le balancement de hanches
Si têtu
Que je n'vis plus
Que pour son « chut » !
Mon amour a le dimanche
Encore plus d'un tour dans ses hanches
Inattendu
Je n'en prie plus
Cinq de perdues !
Un jour festif
Tous les Khalifes
Du Sénégal, mon Sénégal
Tous les imams
Seront des femmes
Un jour, égales et bien légales
Refrain
Tout le Coran
Si je l’apprends
Sans diagonale en radicale
Pourrais-je sans haine
Choisir ma reine
Aux yeux d’opales, à la peau pâle
Refrain
Comme un présage
Un métissage
De poudre astrale, congénitale
Des chrysalides
Des forces hibrides
Au Sénégal, mon "c'est légal!"
|
||||
12. |
Aveuglément
03:46
|
|||
Je sais que brillent des étoiles
Je les entends
Je sais la beauté d’une toile
En écoutant
La vague étendue de la mer
Je la transpire
Quant au sourire de ma mère
Je le respire
La lumière est un sentiment
Qui me traverse
La pluie des applaudissements
Qui me renversent
La vitesse n’est que du vent
Qui se déchire
Les miroirs me passent devant
Sans réfléchir
Ce sont des mondes sans couleurs
Qui me remontent
La nudité de mes douleurs
Et de la honte
Ce sont des mouvements, des flux
Des attractions
Les grands accords irrésolus
De l’olfaction
J’ai le bandeau de la justice
Pour seul drapeau
Et du sensible un peu métisse
Hors de la peau
Et puis ta voix, ta voix, ta voix
Qui me fascine
Tout ce mystère maladroit
Que tu dessines
Ce sont de longues symphonies
D’exhalaison
Sensualité infinie
De l’horizon
C’est une caresse de l’onde
Une intention
Elle ouvre sur un autre monde
Ma dimension
Je sais la parole éphémère
Et son soupir
Mais le sourire de ma mère
Je le respire
|
||||
13. |
Inouïe
06:13
|
|||
Ça laisse des traces
Ça tresse des liens
Ça tient à rien
Si tu l’embrasses
Quand tu rencontres
Une Inouïe
Même la pluie
Ne peut rien contre
Et si ça crève
Tes yeux flambants
Tout en tombant
Tu te relèves
Éclaboussures
De sensations
Tendre pression
De la morsure
Les souvenirs
Bons qu’à tuer
Sont dilués
Dans un sourire
Vibrante d’osmose
Dose de taille
Une pagaille
D’apothéose
Et si ça crève
Tes yeux flambants
Tout en tombant
Tu te relèves
Éclaboussures
De sensations
Tendre pression
De la morsure
Et si ça griffe
Creuse des gouffres
Ce que tu souffres
Est relatif
Tout te nourrit
Tout te dévore
Comme la mort
Fauche ou guérit
Il t’éblouit
De toute part
Le franc regard
De l’inouïe
Seul son départ
Fera du bruit
|
Romain Maron France
Poète. Mélodiste.
Enfant du 93. Autodidacte acharné.
Ses textes ciselés donnent à entendre une langue moderne emportée par des mélodies au lyrisme assumé, teintées de jazz, de folk et de Maron.
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